Le 21 avril prochain, à 20h dans la salle des fêtes de Gundershoffen, le théâtre alsacien Saint-Nicolas de Haguenau jouera sa pièce en dialecte, Unbekànnt unter dere Àdress, tirée d’un texte écrit en 1938 par une Américaine, Katherine Kressmann Taylor et traduite par Raymond Weissenburger, mise en scène de M. Daniel HOELTZEL. Entrée gratuite avec participation au chapeau – les dons récoltés seront intégralement reversés en faveur de l’Ukraine.
Résumé : Allemagne, 1932. Martin Schulse, sa femme et leurs enfants sont allemands « de souche ». Max est un juif américain d’origine allemande. Ils sont amis, et marchands de tableaux. La sœur de Max, une comédienne prénommée Griselle, a été la maîtresse de Martin. Martin est de plus en plus tenté par le nazisme montant ; il écrit : « Franchement, Max, je crois qu’à nombre d’égards, Hitler est bon pour l’Allemagne, mais je n’en suis pas sûr ; […] il possède une force que seul peut avoir un grand orateur doublé d’un fanatique. Mais je m’interroge : est-il complètement sain d’esprit ? »
Martin monte en grade dans la société nazie et finalement, en 1933, renie son amitié pour Max et lui annonce qu’il ne peut ni ne veut plus correspondre avec un juif, notamment en raison de la censure et de la police politique qui lit tous les courriers. Max lui écrit pourtant encore une dernière fois, pour lui demander de veiller sur sa sœur, Griselle qui vient de se produire sur la scène berlinoise. La dernière lettre de Max adressée à sa sœur lui est retournée avec la mention inconnu à cette adresse, ce qui signifie qu’elle a sans doute disparu. Max s’inquiète, tandis que Martin lui écrit avec mépris que Griselle s’est « conduite comme une imbécile », et que, poursuivie par une patrouille nazie, elle a couru trouver refuge chez lui. Martin lui a ouvert sa porte, Griselle a demandé à Martin de l’aider, mais il lui a répondu qu’il ne pouvait pas l’héberger mais qu’elle pouvait courir de l’autre côté du parc. Mais les SA l’ont attrapée et l’ont tuée.
La réaction de Max est à la hauteur de son désespoir, et sa vengeance est de faire subir le même sort à Martin. Il lui écrit, sachant que la police nazie surveille le courrier, en lui inventant une famille juive et en faisant croire à la censure qu’il y a un code entre Max et Martin. Par des messages en codes grossiers (reproductions « Picasso, 17 par 81, en rouge », « Rubens, 15 par 204, en bleu et jaune ») pour que les nazis croient à un langage codé. Martin répond désespéré, avec les mêmes supplications que lui avait adressées Max pour sauver sa sœur, qu’il ne faut pas lui écrire ainsi, qu’il risque sa vie si on le fait passer pour juif et comploteur. Mais Max continue inexorablement d’envoyer ses lettres, jusqu’à ce qu’il en reçoive une dernière, avec la même mention, synonyme de capture et de mort : « inconnu à cette adresse ».